Retard ou trouble
Les troubles de l’écriture touchent de nombreux enfants et adolescents, avec des impacts sur leur scolarité, leur confiance en eux et leur développement. Il est essentiel de bien comprendre les différents types de difficultés pour pouvoir accompagner ces jeunes dans leur apprentissage. Parmi ces difficultés, il est important de pouvoir distinguer s’il s’agit d’un simple retard d’écriture ou plutôt d’un trouble spécifique.
Pourquoi est-ce important de faire la distinction ?
Savoir distinguer un retard d’écriture d’une dysgraphie est crucial pour bien adapter les interventions. Un retard dans l’écriture peut généralement être surmonté avec de la patience et de l’entraînement, tandis qu’une dysgraphie nécessite une approche plus personnalisée et un soutien spécialisé qui nécessitera d’adapter des aménagements sur le long terme. En comprenant bien ces deux situations, les parents, les enseignants et les professionnels peuvent mieux répondre aux besoins de chaque enfant et favoriser un apprentissage de l’écriture adapté à ses capacités.
1. Le retard simple d’écriture
Le retard correspond à une difficulté temporaire à maîtriser l’écriture. Il peut apparaître chez les enfants qui prennent plus de temps que la moyenne pour développer les bases de l’écriture : la formation des lettres, la fluidité des mouvements, l’organisation et la clarté de l’écriture.
Caractéristiques du retard d’écriture
Temporaire : avec du soutien, la plupart des enfants parviennent à surmonter ce retard.
Causes multiples : il peut être dû à un manque de pratique, à des difficultés de concentration, à une lenteur dans l’apprentissage de la motricité, à son jeune âge ou à des soucis de coordination.
Solutions simples : souvent, un suivi régulier par un enseignant, un parent ou un professionnel (comme un orthophoniste, un psychomotricien, un graphothérapeute ou graphopédagogue) suffit à aider l’enfant à progresser.
Le retard d’écriture est donc un décalage temporaire qui se corrige généralement avec le temps et des exercices adaptés. C’est l’évolution dans le temps et les progrès qui permettent de faire la différence entre un simple retard et un réel trouble.
2. La dysgraphie : véritable trouble de l’écriture
Contrairement au retard d’écriture, la dysgraphie est un trouble persistant qui affecte l’écriture de manière significative et durable. Elle est considérée comme un trouble « neurodéveloppemental », c’est-à-dire qu’elle est liée à la façon dont le cerveau organise et coordonne le geste d’écriture. Elle nécessite une prise en charge spécifique sur le long terme.
Caractéristiques de la dysgraphie
Difficultés motrices : l’enfant éprouve des difficultés dans la coordination des gestes, ce qui rend l’écriture pénible, lente, douloureuse et illisible.
Fatigue de la double tâche : écrire demande beaucoup d’effort, l’enfant se retrouve souvent en double tâche. Son écriture est tellement peu automatisée que cela lui demande de focaliser son attention au service de la calligraphie au détriment de l’écoute, de la mémoire de travail, de l’orthographe, de la compréhension des consignes… Cela entraîne une surcharge cognitive importante, le fatigue rapidement et peut évidemment le décourager.
Différentes formes : la dysgraphie peut se manifester de plusieurs façons et être classifiée de différentes manières selon les auteurs (dysgraphie visuo-spatiale, linguistique, motrice, avec trouble de l’attention et de la mémoire, répugnance à écrire,…). Retenons que la dysgraphie a des répercussions aussi bien sur la qualité que sur la vitesse d’écriture. Dès lors, l’enfant peut très bien présenter une écriture rapide avec une qualité défaillante (souvent associée à un TDA/H), une écriture lente avec une qualité préservée (souvent associée à un trouble spécifique du langage écrit) ou encore une dysgraphie mixte sous-entendant que la vitesse et la qualité sont toutes deux altérées (souvent associée à un trouble développemental de la coordination ou dyspraxie). L’important est de pouvoir identifier la forme de dysgraphie pour pouvoir intervenir de manière efficace et adaptée.
Suivi spécialisé nécessaire : La dysgraphie nécessite souvent le soutien de professionnels tels que psychomotricien, orthophoniste, ergothérapeute et graphothérapeute ayant une expérience solide dans le domaine de la « thérapie » pour apprendre des techniques de compensation et améliorer la qualité de l’écriture. En effet, le professionnel accompagnant l’enfant qui présente une dysgraphie ne peut s’improviser thérapeute et doit avoir une solide formation « thérapeutique ».
La dysgraphie est donc un trouble durable et persistant qui touche environ 5 à 27 % des enfants d’âge primaire selon les auteurs. Elle affecte l’acquisition et l’exécution de l’écriture manuscrite sans qu’il n’y ait de déficit neurologique, sensoriel ou intellectuel. Elle peut être diagnostiquée à partir de 7 ans, âge auquel l’enfant a été exposé à l’apprentissage de l’écriture pendant au moins 2 années. Elle nécessite un accompagnement spécifique de l’enfant pour l’aider à contourner ses difficultés et trouver des moyens d’écriture plus adaptés. La dysgraphie est souvent associée à d’autres troubles tels que la dyslexie, la dysorthographie, la dyspraxie ou encore le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité.
3. La dyspraxie : trouble de la coordination des gestes
La dyspraxie touche la capacité de planifier et d’exécuter les mouvements nécessaires pour réaliser des actions précises et organisées.
La dyspraxie n’affecte pas seulement l’écriture, elle touche d’autres activités de la vie quotidienne de l’enfant comme l’habillage, le découpage, le sport…
Elle représente un trouble plus général de la coordination motrice dans laquelle nous retrouvons la dysgraphie.